Scénario: Ronald Harwood d'aprÚs le récit éponyme de Wladyslaw Szpilman. Acteurs : Adrien Brody (Wladyslaw Szpilman), Emilia Fox (Dorota), Michal Zebrowski (Jurek) Producteurs : R.P. Productions, Heritage Films, Studio Babelsberg, Runteam, StudioCanal. Un pianiste juif survit dans le ghetto de Varsovie puis réussit à s'enfuir.
AS- qui a signé une superbe Une pour l'occasion -, se félicite ainsi évidemment de la présence de Xavi dans une équipe qu'il désigne en ces termes :
Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? Un engagement Ă sonder les profondeurs intellectuelles et spirituelles dâune Ćuvre, tout en Ă©vitant les dĂ©monstrations de bravoure technique. Jonathan Biss Sur le son vivant de Schnabel Si on me demandait quel pianiste jâaimais le plus, je ne pourrais jamais rĂ©pondre â trop de possibilitĂ©s! Mais sâil sâagit de savoir qui mâa inspirĂ©, câest facile Artur Schnabel. Ma premiĂšre exposition Ă son les enregistrements des Sonates de Beethoven sont arrivĂ©s au dĂ©but de mon adolescence et ont rapidement conduit Ă une obsession pour ces Ćuvres que je mâattends Ă durer toute ma vie. Je ne pouvais pas comprendre comment il pouvait transmettre tant de sens â la spiritualitĂ©, mĂȘme â entre deux notes, ou comment il a rĂ©ussi Ă produire Ă partir de cet instrument de touches et de marteaux un son qui Ă©tait si flottant, rĂ©sistant Ă la gravitĂ©, vivant. Ces deux objectifs â faire un son qui vit, et trouver de la musique non seulement dans les notes, mais autour dâeux â sont toujours primordiaux pour moi, prĂšs de deux dĂ©cennies plus tard. Quand je suis allĂ© Ă©tudier avec Leon Fleisher, Jâai Ă©tĂ© touchĂ© de lâentendre parler de Schnabel, son propre professeur, avec le mĂȘme genre de respect. Les propres idĂ©es de Fleisher sur la musique sont convaincantes, et il est dâune Ă©loquence incomparable pour les exprimer, mais câest souvent quâil nous disait simplement ce que Schnabel lui avait dit Ă propos de cette piĂšce ou de cela, sur un ton qui suggĂ©rait quâil nây avait pas de plus grand autoritĂ©. Jâaime penser que jâai peut-ĂȘtre appris quelque chose Ă travers cette lignĂ©e, et chaque jour, jâessaie dâapporter Ă ma musique quelque chose de la dĂ©votion, de la comprĂ©hension et, surtout, de lâamour, qui Ă©mane de chaque note jouĂ©e par lâhomme. Wilhelm Kempff 1895-1991 Choisi par Cyprien Latsaris, Michael Endres, David Fray et Eldar Nebolsin. Qui Ă©tait-il? Un pianiste allemand qui sâest concentrĂ© sur les grands de la musique allemande et qui a jouĂ© des concerts jusque dans les annĂ©es quatre-vingt. Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? InventivitĂ© rythmique et talent pour faire ressortir le lyrisme, le charme et la spontanĂ©itĂ© de la musique, en particulier dans des piĂšces ou des passages intimistes. Cyprien Latsaris On Kempff en concert Jâai entendu Kempff vivre Ă Paris pour la premiĂšre fois quand jâavais environ 13 ans, puis jâai achetĂ© quelques enregistrements de Beethoven et Brahms. Il nâavait pas la meilleure technique pianistique, mais il Ă©tait trĂšs spĂ©cial. Il a créé des moments musicaux sublimes et divins qui nous ont transportĂ©s vers les cieux. Je suis sĂ»r quâil aurait eu autant de succĂšs en concert aujourdâhui, car le facteur le plus important pour un musicien est dâavoir une personnalitĂ© trĂšs particuliĂšre, et il avait cette caractĂ©ristique. Il a aussi influencĂ© ce que je fais au piano en me faisant me mettre dans un Ă©tat second, un Ă©tat spirituel, avant de jouer. Il y a tellement de ses enregistrements que je chĂ©ris, car Kempff excelle Ă Beethoven , Brahms, Schumann, Schubert et Bach. Mais, en particulier, je nommerais le Kl avierstĂŒcke de Brahms, les sonates moyennes de Beethoven et les Concertos nos 2 & 4, les transcriptions de Bach et le Schubert KlavierstĂŒcke. Alfred Brendel nĂ© en 1931 Choisi par Paul Lewis, Steven Osborne, Imogen Cooper et Till Fellner. Qui est-il? Un pianiste et professeur autrichien maintenant basĂ© Ă Londres, qui a enregistrĂ© quatre ensembles complets des sonates de Beethoven. Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? Une adhĂ©sion rigoureuse Ă la partition sans jamais paraĂźtre sĂšche ou acadĂ©mique, et un talent pour trouver des moments dâhumour inattendus, en particulier dans le rĂ©pertoire classique. Paul Lewis En Ă©tudiant avec Brendel Jâai eu des cours avec Alfred Brendel dans les annĂ©es 1990, et il a Ă©tĂ© une grande inspiration. Il parlait de musique et je pensais » Ouais, ça a vraiment du sens . Et puis il sâasseyait et montrait des choses, et câest alors que lâampoule sâest vraiment allumĂ©e. La premiĂšre fois que je lâai rencontrĂ©, câĂ©tait quand jâavais 20 ans Ă la Guildhall School of Music. Je me souviens mâĂȘtre senti trĂšs nerveux et intimidĂ©. En voyant la silhouette des lunettes et des cheveux traverser la salle, je me souviens avoir pensĂ© Oh mon dieu, câest lui! » Jâai jouĂ© une sonate de Haydn pour lui et il Ă©tait clair dĂšs le dĂ©but quâil ne sâintĂ©ressait quâĂ la musique . Câest tout ce qui compte. Vous vous sentez peut-ĂȘtre inquiet pour vous-mĂȘme, mais ce nâest pas le plus important car il ne sâinquiĂšte pas du tout, sauf de ce que vous jouez. Cela correspondait Ă lâimpression que jâavais eue de lui avant de le rencontrer, de ses concerts et enregistrements â celle dâun musicien incroyablement sĂ©rieux. Ce fut une grande inspiration et un privilĂšge de travailler avec lui au cours de ces annĂ©es. » Glenn Gould 1932-1982 Ălu par Pascal RogĂ©, Vladimir Ashkenazy, Fazil Say et Jean-Efflam Bavouzet. Qui Ă©tait-il?Un pianiste canadien trĂšs excentrique qui, aprĂšs une brillante carriĂšre de concertiste, a Ă©vitĂ© la scĂšne Ă lâĂąge de 31 ans pour se concentrer sur les enregistrements et les projets expĂ©rimentaux. Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? Une capacitĂ© prodigieuse Ă sculpter les multiples lignes de la musique polyphonique, comme celle de Bach, avec une clartĂ© inĂ©galĂ©e. Et une apparente incapacitĂ© pour erreur technique. Pascal RogĂ© sur Gould le rĂ©crĂ©ateur Jâai dâabord entendu Gould jouer assez tard, depuis dans ma jeunesse au Conservatoire de Paris, il Ă©tait complĂštement inconnu. Aucun de mes collĂšgues ou professeurs nâa jamais mentionnĂ© son nom â jusquâĂ ce quâen 1966 je rencontre Bruno Monsaingeon, qui me rĂ©vĂ©la Gould ainsi quâau public français Ă travers ses merveilleux documentaires. Câest difficile Ă dire ce qui rend le jeu de Gould si spĂ©cial, puisque tout dans son jeu est spĂ©cial. On peut mentionner le toucher, le phrasĂ©, lâarticulation⊠Mais le plus important est la conception, lâarchitecture, lâapproche personnelle et crĂ©ative» de chaque piĂšce quâil joue . Il est un crĂ©ateur, bien plus quâun interprĂšte chaque fois que vous entendez un morceau jouĂ© par Gould, vous dĂ©couvrez le morceau pour la premiĂšre fois. Je me rĂ©fĂšre toujours Ă sa ligne Si vous nâĂȘtes pas convaincu, vous pouvez jouer un morceau en une maniĂšre complĂštement nouvelle et unique, ne la jouez pas. » Câest une affirmation extrĂȘme, mais si plein de vĂ©ritĂ©! Un exemple typique est ses deux enregistrements des Variations de Goldberg, un exemple du gĂ©nie de Gould en Ă©tant mĂȘme capable de se recrĂ©er». Ce sont Ă la fois des chefs-dâĆuvre et son hĂ©ritage pour tous les musiciens du monde. Je suis toujours Ă©poustouflĂ© quand des pianistes osent jouer ou mĂȘme toucher ce morceau aprĂšs Gould. Sont-ils totalement inconscients ou totalement prĂ©tentieux? Dans Bach, il est totalement inĂ©galĂ©. En fait, je suis incapable dâentendre, dâaccepter ou de concevoir une autre interprĂ©tation de Bach que la sienne. Je voudrais dire quâil a eu une influence sur moi, mais personne nâest assez dĂ©rangĂ© pour essayer dâimiter le jeu de Gould! Pourtant, je me souviens quand jâai enregistrĂ© pour la tĂ©lĂ©vision française le premier livre complet du Clavier bien tempĂ©rĂ© de Bach. CâĂ©tait un projet conçu pour lui par Monsaingeon, mais Gould est mort avant dâavoir pu le filmer⊠Et câest moi qui ai Ă©tĂ© choisi pour le remplacer». Pouvez-vous imaginer la pression? Je pense que lâhĂ©ritage de Gould pour tout artiste est la libertĂ© de crĂ©ation» envers nâimporte quel compositeur, mais en mĂȘme temps en respectant la logique de la musique et lâesprit du compositeur â une Ă©quation trĂšs difficile! » Qui Ă©tait-il? Un pianiste français et professeur au Conservatoire de Paris. Il a Ă©tĂ© qualifiĂ© de poĂšte du piano » pour sa maĂźtrise des Ćuvres lyriques de Chopin, Schumann et Debussy, produisant des enregistrements marquants et des Ă©ditions mĂ©ticuleuses de leur musique. Quâest-ce qui le rend grand? style personnel et subjectif qui privilĂ©gie lâintuition et le ressenti par rapport Ă une technique prĂ©cise, donnant lieu Ă des performances dâune musicalitĂ© luxuriante et transcendante. Stephen Hough Sur lâindividualitĂ© de Cortot On se souvient parfois de Cortot comme du pianiste qui a jouĂ© beaucoup de fausses notes. Câest injuste â pas seulement parce quâil avait une technique de doigt Ă©blouissante, mais parce quâil nâa jamais permis de rechercher la prĂ©cision pour le distraire de la vue dâensemble. Ses erreurs peuvent parfois ĂȘtre entendues mĂȘme dans les premiĂšres notes des morceaux, mais je trouve ces moments faillibles attachants le pianiste est consommĂ© par lâinspiration spirituelle et inconscient des risques physiques impliquĂ©s. Cortot Ă©tait un grand virtuose, conscient du pouvoir dâexcitation et dâĂ©motion de la musique romantique pour piano, mais on ne se sent jamais manipulĂ© dans sa compagnie musicale. Vous sentez que mĂȘme ses choix dâinterprĂ©tation les plus extravagants proviennent dâune honnĂȘtetĂ© intĂ©rieure complĂšte; il nâest pas assis sous les projecteurs vous obligeant Ă le regarder, mais tenant plutĂŽt une torche, vous conduisant vers lâillumination. Je ne me lasse pas dâentendre ses enregistrements, en particulier ceux de Chopin et Schumann des annĂ©es 1920 et des annĂ©es 30. Sa combinaison de libertĂ© dâinterprĂ©tation totale parfois avec une touche dâexcentricitĂ© et de perspicacitĂ© pĂ©nĂ©trante des souhaits du compositeur est Ă mon avis unique. Il y a des artistes qui ravissent les auditeurs avec leur individualitĂ© sauvage et audacieuse, et il y en a dâautres qui dĂ©couvrent la partition Ă©crite pour nous avec perspicacitĂ© et respect â mais rares sont ceux qui peuvent faire les deux. Cortot avait une vision qui voyait au-delĂ de lâacadĂ©mique ou du théùtral vers un horizon plus large de la crĂ©ativitĂ© dâoĂč les compositeurs eux-mĂȘmes auraient trĂšs bien pu sâinspirer. » Alfred Cortot a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Alfred Brendel, Benjamin Grosvenor et Stanislav Ioudenitch. Emil Gilels 1916-1985 Qui Ă©tait-il? Un pianiste nĂ© Ă Odessa qui a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Moscou en 1935, devenant, avec Richter, le principal pianiste soviĂ©tique de son temps. Lui et le violoniste David Oistrakh ont Ă©tĂ© parmi les premiers musiciens soviĂ©tiques autorisĂ©s Ă donner des concerts en Occident. Quâest-ce qui le rend grand?Son son dorĂ© » â une capacitĂ© Ă exĂ©cuter les passages les plus Ă©prouvants sans compromettre son ton bruni ou la profondeur de ses sentiments. CĂ©dric Tiberghie Sur la grandeur de Gilels Gilels a ce mĂ©lange dâune qualitĂ© sonore fantastique et dâune capacitĂ© Ă rendre tout simple lorsque vous lâĂ©coutez. MĂȘme quand il joue un simple prĂ©lude de Bach, ou le Bach-Siloti Prelude en si mineur, vous pensez que câest simple Ă jouer, mais ensuite vous achetez la musique et vous vous dites Oh mon Dieu, câest impossible! » Jâai entendu Gilels pour la premiĂšre fois quand jâavais huit ou neuf ans â son enregistrement du deuxiĂšme concerto de Brahms avec lâOrchestre philharmonique de Berlin. Je nâĂ©tais pas au courant que câĂ©tait Gilels â ou mĂȘme un concerto de Brahms â juste une des Ă©normes collections de cassettes de mon pĂšre. Mais câĂ©tait ma musique prĂ©fĂ©rĂ©e et je pense quâaujourdâhui encore, câest lâun des plus beaux enregistrements jamais rĂ©alisĂ©s Ă partir dâun concerto pour piano. La qualitĂ© du son et de la ligne, lâinspiration et la beautĂ© du son â tout est si parfait. Câest en fait assez intimidant de jouer le concerto vous-mĂȘme. Il joue le premier mouvement si lentement, et vous pensez, OK, je vais faire la mĂȘme chose â ce qui est une grosse erreur car il est Gilels et vous ne lâĂȘtes pas. Vous avez besoin de ce son dorĂ© que Gilels possĂ©dait â plus que quiconque dans lâhistoire â ainsi que dâune idĂ©e claire de la structure et de la direction; et pour cela, vous avez besoin dâune vie dâexpĂ©rience. De plus, si je compare ma main Ă la sienne, la sienne Ă©tait probablement deux fois plus lourde que la mienne. Câest comme Oistrakh au violon, il y a cette question de chair, de matiĂšre pure qui crĂ©e le son. Si vous avez des mains extrĂȘmement fines, la qualitĂ© du ton sera probablement plus claire que celle de Gilels. Donc je nâessaye pas dâimiter un artiste comme lui, mais jâessaye de garder dans ma tĂȘte la grandeur de que fait-il. Câest quelque chose que jâessaie toujours de trouver, pas artificiellement, mais peut-ĂȘtre juste pour ressentir. Câest donc un modĂšle pour moi Ă cet Ă©gard. » Emil Gilels a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Alice Sara Ott, Olli Mustonen, Lars Vogt. Arthur Rubinstein 1887-1982 Qui Ă©tait-il? Un pianiste polonais qui a quittĂ© lâEurope aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale pour sâinstaller aux Ătats-Unis. Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? Ses interprĂ©tations de la musique de Chopin, auxquelles il a apportĂ© un ton brillant et une variĂ©tĂ© infinie de phrasĂ©s. Roger Woodward sur le partage de lâhĂ©ritage de Rubinstein Lorsque jâĂ©tudiais Ă lâAcadĂ©mie nationale Chopin de Varsovie, notre classe rencontrait parfois les illustres amis du professeur Drzewiecki, dont Arthur Rubinstein. Il jouait pour nous et certains Ă©tudiants ont eu le privilĂšge de jouer pour lui. Tout le monde dans la classe connaissait ses enregistrements, car câĂ©taient les interprĂ©tations classiques de Chopin que Drzewiecki nous avait enseignĂ©es. La grĂące, lâĂ©quilibre et la recherche approfondie Ă©taient les maĂźtres mots de son art, qui faisait preuve de maĂźtrise mais aussi dâĂ©norme modestie et, contrairement Ă ce que certaines autoritĂ©s » avait Ă dire, une technique sans faille. Les critiques de Rubinstein, et ils Ă©taient nombreux, avaient tendance Ă oublier Ă quel point il Ă©tait minutieux dans la recherche du rĂ©pertoire quâil jouait. LĂ oĂč dâautres posaient et prĂ©tendaient seulement avoir recherchĂ© leur sujet, Rubinstein performances puantes de int egrity. Le premier des trois enregistrements complets de Rubinstein sur Mazurka nous a fourni un point culminant dans notre Ă©tude de Chopin, mĂȘme si pour moi ce sont ses interprĂ©tations des Nocturnes qui ont fourni la clĂ© de tous les autres Chopin. Je reste Ă©ternellement reconnaissant Ă Rubinstein pour ses enregistrements et ce quâil avait Ă dire Ă leur sujet. Rubinstein nâĂ©tait pas bĂ©ni par la pure virtuositĂ© de Rachmaninov ou Horowitz, mais il a dĂ©veloppĂ© une maĂźtrise du legato cantabile et du tempo rubato second Ă aucun. Cela est Ă©vident dans des performances live» miraculeuses dâavant-guerre comme son enregistrement historique des Concertos pour piano de Chopin avec Sir John Barbirolli, bien que ses performances de la mĂȘme chose avec Witold Rowicki Ă©taient encore plus belles â complĂštement inoubliables. Je nâoublierai jamais sa gentillesse et sa gĂ©nĂ©rositĂ© envers notre classe, ainsi que son charme, sa modestie et sa recherche scrupuleuse. Bien que je reste Ă©tudiant toute ma vie et que je continue Ă Ă©couter ses nombreux enregistrements merveilleux, je me considĂšre chanceux de partager des expĂ©riences aussi riches avec mes propres Ă©tudiants. » Arthur Rubinstein a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Simon Trpceski, Jayson Gillham et Margaret Fingerhut. Sviatoslav Richter 1915-1997 Qui Ă©tait-il? Un pianiste russe dâorigine allemande qui est devenu le principal musicien de lâURSS. Quâest-ce qui le rend gĂ©nial? Une technique Ă toute Ă©preuve combinĂ©e Ă une Ă©tonnante variĂ©tĂ© de sons. Barry Douglas Ă propos de lâintensitĂ© de Richter Jâai entendu Richter jouer plusieurs fois en Angleterre, en France et en AmĂ©rique et ce que jâaimais chez lui, câest quâil Ă©tait capable de faire sonner le piano pas comme un piano â ça sonnait comme un orchestre ou parfois comme un plus, tout ce quâil faisait Ă lâinstrument semblait toujours parfaitement juste. Cela ne ressemblait pas Ă ses idĂ©es; cela semblait ĂȘtre la seule façon de le faire. Chaque artiste doit viser, sâil est sĂ©rieux, Ă se retirer de lâĂ©quation et Ă aller au cĆur ou Ă lâessence de la musique. TrĂšs peu dâartistes peuvent le faire, mais pour Richter, câĂ©tait tout Ă fait naturel. CâĂ©tait aussi un musicien trĂšs sĂ©rieux aprĂšs les concerts, il dĂ©cidait souvent quâil avait besoin de sâentraĂźner, et rentrait chez lui et sâentraĂźnerait pour un autre deux heures. Il a Ă©galement insistĂ© pour que chaque programme de rĂ©cital contienne au moins une nouvelle piĂšce. Son rĂ©pertoire Ă©tait donc vaste. Je ne pense pas que ses enregistrements en studio aient eu autant de succĂšs ils ne lâont pas vraiment reprĂ©sentĂ©. Ce sont les enregistrements live qui sont incroyables. Tout le monde parle du rĂ©cital de Sofia de 1958 oĂč il interprĂšte les Feux Follets de Liszt et les Tableaux de Moussorgski lors dâune exposition. Pourtant, ses enregistrements des sonates de Beethoven sont Ă©galement incomparables, sans parler du rĂ©pertoire russe â les petits morceaux de TchaĂŻkovski â et de Prokofiev, qui a Ă©crit sa septiĂšme sonate pour lui. Quand jâĂ©tais au Concours TchaĂŻkovski en 1984, il mâa envoyĂ© des messages par lâintermĂ©diaire dâautres personnes disant Ă quel point il me trouvait fantastique, ce qui Ă©tait trĂšs gentil. Jâaurais aimĂ© avoir la chance de mieux le connaĂźtre. Je regarderai toujours Richter. Un artiste ne doit pas copier, mais vous pouvez ĂȘtre inspirĂ© par lâessence de ce que quelquâun reprĂ©sentait, et câest ce que je fais avec lui. Je sais au plus profond de moi que jâessaie de comprendre ce que Richter avait, qui est une incroyable, ardente et brĂ»lante intensitĂ© de passion pour la musique â câest ce qui est ressorti quand il a jouĂ©. Il Ă©tait absolument obsĂ©dĂ© et possĂ©dĂ© par la musique. » Sviatoslav Richter a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Howard Shelley, Anna Goldsworthy et Piotr Anderszewski. Vladimir Horowitz 1903-1989 Qui Ă©tait-il? Un pianiste dâorigine russe qui est parti pour lâOccident Ă 21 ans, oĂč il a Ă©tĂ© dĂ©crit comme une tornade dĂ©chaĂźnĂ©e des steppes ». Le plus cĂ©lĂšbre pour ses interprĂ©tations du rĂ©pertoire de piano romantique et, Ă©tonnamment, Scarlatti, il est retournĂ© en Russie pour un triomphant RĂ©cital dâadieu en 1986. Ce qui le rend gĂ©nial? Une virtuositĂ© Ă©tincelante et une utilisation extraordinaire de la couleur des tons, combinĂ©s Ă un talent pour faire vibrer son public, crĂ©ant un tollĂ© lors de ses rĂ©citals en direct. Ingolf Wunder Ă propos des dons divins dâHorowitz Horowitz a combinĂ© un pianisme de grande classe avec un goĂ»t unique en matiĂšre de musique et dâinterprĂ©tation. Ce qui le rendait unique Ă©tait sa capacitĂ© Ă ciseler ses sentiments et ses humeurs hors des structures et du matĂ©riau harmonique de la partition. Je pense que jâai entendu Horowitz pour la premiĂšre fois Ă lâĂąge de 14 ans. JâĂ©tais juste Ă©tonnĂ© par son ton et la variĂ©tĂ© de couleurs quâil pouvait produire. Et il jouait toujours comme sa main Ă©tait construite, ne trahissant jamais son goĂ»t et sa vision de la musique. Il Ă©tait toujours lui-mĂȘme et tout ce quâil touchait devenait le sien. Son jeu nâest jamais mĂ©diocre, ça marche ou ça ne marche pas. Mais si cela fonctionne, câest tout simplement divin â incomparable avec tout ce que vous avez entendu. Dâune certaine maniĂšre, Horowitz est le produit dâune Ă©poque qui a produit tant de grands pianistes. Je crois que notre façon de penser et notre vie ont changĂ© depuis. DĂ©sormais, les musiciens peuvent aller sur Internet et Ă©couter presque tous les enregistrements de nâimporte quel morceau; Ă lâĂ©poque, ils Ă©taient obligĂ©s de penser par eux-mĂȘmes. Les petites choses ont reçu une plus grande importance car il nâĂ©tait pas possible dâaller nâimporte oĂč instantanĂ©ment. Il ne sâagissait pas nĂ©cessairement de savoir qui pouvait jouer le plus rapidement ou de tout autre aspect compĂ©titif, mais plutĂŽt de la musique. Il y a encore quelques musiciens qui ressemblent Ă Horowitz et Ă ces vieux grands, et câest lâĂ©cole dans laquelle nous devrions revenir. » Vladimir Horowitz a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Freddy Kempf, Gerard Willems, Konstantin Scherbakov. Sergei Rachmaninov 1873-1943 Qui Ă©tait-il? Pianiste et compositeur nĂ© en Russie, diplĂŽmĂ© du Conservatoire de Moscou dans la mĂȘme classe que le compositeur Alexandre Scriabine. Parmi ses compositions, le Concerto pour piano n ° 2, souvent votĂ© comme la piĂšce de musique classique la plus populaire de tous les temps. Il quitte la Russie en 1917, se lance dans une carriĂšre de pianiste en tournĂ©e afin de subvenir Ă ses besoins et Ă ceux de sa famille. Il est devenu citoyen amĂ©ricain peu de temps avant sa mort. Quâest-ce qui le rend grand? Une technique de doigt presque surhumainement propre, qui lui a permis de maintenir la clartĂ© mĂȘme dans les passages les plus noueux. Cela Ă©tait en partie dĂ» Ă ses fameuses grandes mains, capables de couvrir 12 pouces, ou une 13e C1 Ă A2 au piano. Il avait Ă©galement un ton magnifiquement chantant, assimilĂ© Ă celui du violoniste Fritz Kreisler, lui permettant dâextraire une douceur infinie dâune mĂ©lodie. Leslie Howard sur le plus grand pianiste jamais enregistrĂ© Ce qui est remarquable dans le jeu de Rachmaninov, câest Ă quel point il est ne sâinterpose entre son jeu et son idĂ©e de pourquoi le morceau de musique valait la peine dâĂȘtre enregistrĂ©. Son jeu nâest jamais encombrĂ©, il nâest jamais difficile et il y a une absence totale de trucs bon marchĂ© â assez inhabituel pour le moment oĂč il a enregistrĂ©. Je pense quâil est le plus grand pianiste de son Ăąge et je suis sĂ»r quâil est le meilleur pianiste qui ait jamais fait un disque. Bien sĂ»r, sa technique est extraordinaire, mais le don de toute bonne technique est que vous vous nâen ĂȘtes pas conscient lorsque vous lâĂ©coutez. Si vous lâentendez jouer Si oiseau jâĂ©tais de Henselt, par exemple, cela ressemble Ă la piĂšce de salon la plus charmante. Mais si vous vous ĂȘtes dĂ©jĂ assis pour le jouer, vous savez parfaitement que câest une terreur absolue. Rachmaninov a aussi une façon de gĂ©rer le rythme qui le rend instantanĂ©ment reconnaissable. Parfois, il le fait en jouant un rythme qui ne correspond pas exactement Ă ce qui est dans la partition, mais cela ressemble Ă ce qui aurait dĂ» ĂȘtre dans la partition. Prenons son enregistrement avec Fritz Kreisler de la Sonate Opus 30 No 3 de Beethoven, par exemple. Vous entendez chaque note et chaque note est aussi importante que toutes les autres, câest ainsi que Beethoven devrait ĂȘtre jouĂ©, mais rarement. En tant que compositeur, Rachmaninov possĂ©dait Ă©galement un esprit musical formidable. Il a dissĂ©quĂ© chaque morceau avant de mettre ses mains sur le clavier. Et il pouvait le faire parce que ses compĂ©tences en composition Ă©taient si raffinĂ©es. Je pense parfois que quand il joue sa propre musique, il est moins prudent â presque comme sâil ne pensait pas tout Ă fait quâil devrait y avoir tant de bruit lui. Mais quand vous entendez Ă quel point son jeu de sa propre musique est totalement instable, au sens Ă©motionnel, cela dĂ©courage les pianistes de sây vautrer, comme beaucoup dâentre eux le font. Ensuite, si vous voulez un jeu romantique, il peut le faire aussi, et encore une fois je pense Ă lâun des enregistrements avec Kreisler de la Grieg Sonata No 3. Le deuxiĂšme mouvement est terriblement merveilleux et la façon dont il joue la mĂ©lodie est complĂštement diffĂ©rente de la façon dont Kreisler le joue. Cela rend la piĂšce plus mouvementĂ©e quâelle ne lâest en rĂ©alitĂ© â câest un cracker dâun enregistrement! Il y a une raison pour laquelle Rachmaninov nâa pas enregistrĂ© plus, et câest Ă cause des relations tendues quâil avait avec les gens de la Victor Talking Machine Company, qui pensait gagner trop dâargent pour ses enregistrements, et qui a refusĂ© de nombreuses choses quâil proposait dâenregistrer. Par exemple, il allait donner un enregistrement gratuit du premier concerto pour piano de Beethoven, tant quâils le laisseraient enregistrer ses danses symphoniques orchestrales, et ils ont refusĂ© lâoffre. La raison pour laquelle lâenregistrement que nous faisons avoir de lui jouer son TroisiĂšme Concerto est, Ă de nombreuses oreilles, un peu insuffisant parce quâil a dĂ» revenir en arriĂšre et enregistrer Ă nouveau la premiĂšre face quatre mois plus tard. Il y a mis des coupures au dernier moment parce que le producteur Charles Connell lui a donnĂ© du chagrin, disant quâil ne pouvait pas jouer du piano et ne pouvait pas composer non plus. En bref, il a rendu tout cela profondĂ©ment dĂ©sagrĂ©able pour Rachmaninov. Nous devons donc remercier M. Connell de ne pas avoir eu la Sonate Liszt, la Sonate Hammerklavier, la Sonate Waldstein et la Sonate Chopin si mineur. Parmi les enregistrements que nous avons, il est trĂšs difficile de choisir un favori, mais jâadore son enregistrement du Carnaval de Schumann. Je pense que câest parfait pour jouer du piano du dĂ©but Ă la fin. » Sergei Rachmaninov a Ă©galement Ă©tĂ© choisi par Stephen Kovacevich, Denis Matsuev et Alexey Yemtsov. Pourquoi y a-t-il tant de grands pianistes russes? Depuis le XIXe siĂšcle, lâĂ©ducation musicale des enfants est trĂšs systĂ©matique en Russie, qui a commencĂ© avec la fondation du Conservatoire impĂ©rial de Moscou. Rachmaninov est venu Ă©tudier lĂ -bas Ă lâĂąge de 14 ans. Il vivait chez Nikolai Zverev, qui avait créé un internat pour les jeunes Ă©lĂšves, qui devaient pratiquer six heures par jour, en dehors de leurs Ă©tudes scolaires. . Cette Ă©cole sâest transformĂ©e en Ăcole centrale de musique Ă lâĂ©poque soviĂ©tique, et le systĂšme sâest dĂ©veloppĂ© dans tout le pays. Aujourdâhui, en Russie, il existe une Ă©ducation musicale sĂ©rieuse pour les enfants Ă partir du moment oĂč ils sont assez grands pour atteindre les touches. Vladimir Ashkenazy, Grigory Sokolov et Mikhail Pletnev sont des produits de cette Ă©cole soviĂ©tique plutĂŽt stricte. Les enfants Ă©tudient donc pendant sept ou huit ans dans une Ă©cole de musique spĂ©ciale, puis Ă 15 ans ils vont Ă lâĂ©cole de musique pendant trois ans. Et câest tout avant de sâinscrire au Conservatorium. Donc, si un enfant a du talent, Ă 16 ans, il peut jouer pratiquement tout. Cela signifie que lorsque les Ă©tudiants russes viennent au Conservatoire, ils sont dĂ©jĂ des pianistes professionnels. Ils nâont presque pas de limites techniques Ă surmonter et peuvent simplement se concentrer sur le fait de devenir un artiste. Ce nâest donc pas comme avoir des cours de piano avec un professeur â câest une Ă©ducation musicale systĂ©matique et totalement gratuite. Les gĂ©nies sont nĂ©s partout, mais ce nâest quâen Russie quâils sont nourris de cette maniĂšre. Elena Kuznetsova Doyenne de piano, Conservatoire de Moscou . 411 125 288 355 250 732 29 246